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Le songe d'une nuit de confinement


-Anouk Desury-
 

À l’hôpital, une grande partie des entrées de patients se fait la nuit.
Le soleil est couché, la lumière a disparu, c'est un moment très anxiogène lorsqu’on est malade. On se retrouve seul face à l'obscurité et à la maladie, avec la désagréable impression que les symptômes s’aggravent.
Dans le métro qui me rapproche petit à petit de l’hôpital où je vais passer la nuit, je ressens un mélange de stress et d’excitation. Je me demande alors si je tiendrai éveillée jusqu’au petit matin.
20h45 : J'arrive à l’hôpital de Lille dans une unité dédiée au Covid, et j'y rencontre six femmes. Avant cette épidémie, elles ne se connaissaient pas, et pourtant, rapidement, des liens se sont noués et un réel esprit d’équipe s'est développé. Le mot d’ordre au CHU, c’est : « Prendre soin des patients, mais aussi des uns et des autres », et ça, elles l’ont très bien compris.

23h00 : Deux patients arrivent pour suspicion de Covid. C'est le début d'une longue nuit. Un patient arrachera sa sonde d’alimentation, un autre perdra conscience brutalement pendant une toilette. Les imprévus se succéderont, mais avec sang-froid et douceur, elles feront face.

04h00 : Le coup de barre est quasiment inévitable. Mégane n’y échappe pas, moi non plus d’ailleurs, elle se sent affaiblie et prend sa tension. Rien d’anormal, elle continuera sa nuit sous l’oeil attentif de ses collègues prévenantes.

6h45 : La lueur rosée du matin vient sonner la fin de cette nuit éprouvante physiquement et psychologiquement. Un dernier café avant de prendre le chemin du retour.

Assise dans le métro qui me ramène chez moi, je me remémore et griffonne dans mon carnet les souvenirs désordonnés de cette nuit, de peur que la fatigue ne me fasse oublier des détails. Lorsque je m’allonge dans mon lit à 9h00, j’ai l’étrange impression de sortir d’un long songe.